FOCAALE - Synthèse comparative de la recherche

30 Claude Springer (2017) : Si nous souhaitons rendre autonomes les migrants adultes, si nous souhaitons les accompagner dans la réalisation de leur projet personnel et social, il est alors nécessaire de favoriser créativité et estime de soi (Springer 2014). Il n’est pas raisonnable d’enfermer le migrant adulte dans une pédagogie de l’urgence qui se limite aux situations et tâches de la vie quotidienne supposées définir le minimum vital pour s’intégrer dans la société d’accueil. (…) Le curriculum, dans ce cas, ne peut être qu’un curriculum situé et non pas prescrit. Il est défini par les acteurs eux-mêmes, au fur et à mesure des développements. Les besoins qui émergent des projets ne sont pas que langagiers et n’ont pas à être dictés technocratiquement par une ingénierie externalisée. Mariela de Ferrari (2008) développe cette même idée de connexions, autour de l’interculturalité où empathie et décentration sont à développer côté enseignants et côté apprenants : « La part de travail sur soi devient incontournable d’abord pour les professionnels de la formation linguistique, ensuite pour les migrants en apprentissage de la langue et en processus d’adaptation à leur nouvel environnement sociétal et culturel. » Ces questions rejoignent celle de l’interculturalité et de l’accueil développée par Edouard Delruelle (2011). Du côté des apprenants, développer la confiance, l’estime de soi, l’autonomie ; du côté des formatrices, faire le pari de l’intelligence « Les publics dits analphabètes n’ont jamais – ou très peu – été en contact avec des situations formelles d’apprentissage et de ce fait se découvrent en tant qu’apprenants alors que les personnes dites « illettrées ou en situation d’illettrisme » ont fréquenté l’école obligatoire mais pour des raisons multiples et variées ne maîtrisent pas suffisamment les compétences dites de base et sont pour la plupart « abîmées » par l’échec scolaire (Mariela de Ferrari, 2008) Nous avons parlé des « étiquettes » et des dangers de l’hypercatégorisation dans la partie concernant le public spécifiquement visé par le projet. De la même manière, les professionnels relèvent souvent ce glissement entre les besoins des personnes vers les personnes elles-mêmes : de l’analyse des difficultés rencontrées par les personnes vers la catégorisation de « personnes en difficulté » (Mariela de Ferrari, 2008). Or, il est indispensable d’avoir un regard positif sur les personnes et de faire, comme le dit très justement Mariela de Ferrari (2004), le pari de l’intelligence. « Chaque migrant est un acteur social porteur d’un projet, disposant d’un capital social consistant, vivant dans un milieu aux mille facettes. » (Claude Springer, 2017) 4. Les avancées et les obstacles Une professionnalisation nécessaire du métier L’état des lieux de la recherche a permis d’identifier les obstacles communs rencontrés par les pays participants au projet FOCAALE. Les principaux écueils relevés à travers les articles consultés et repris dans l’état des lieux se situent au niveau de la formation des formatrices et de la recherche dans le domaine de l’acquisition des compétences de lecture et d’écriture par des publics adultes non

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